dimanche 10 mars 2024

Un artiste, une oeuvre #2


Le principe de cette rubrique est simple et contrairement à nos habitudes, nous la voulons courte : à chaque publication un artiste différent qui pose aux côtés d'une de ses œuvres.

C'est en fait surtout une occasion de plus pour partager en deux trois clics quelques clichés qui claquent.

Pour sa deuxième édition, c'est Sonja Ferlov Mancoba qui s'y colle et pose devant sa sculpture "Confiance" qui visiblement lui à beaucoup demandé.




On dit merci Sonja!



jeudi 7 mars 2024

L'arcologie de Paolo Soleri.


Ce jeudi 07 mars est le  vingtième des quarante jours du jeûne avant Pâques et comme 20 est la moitié de 40 alors tout porte à croire que nous sommes bien à la Mi-carême. L'occasion parfaite pour le Strict Maximum de vous sonner les cloches mais pas n'importe lesquelles. 

On vous sonne les cloches de Paolo Soleri et qu'elles soient de Cosanti ou d'Arocsanti, en bronze ou en terre cuite, ça va sonner fort.


Mais au fait...Arcosanti, Cosanti, Soleri, c'est quoi, c'est qui?

Un homme et son chien tournés vers l'avenir.

Pour comprendre Acrosanti & Cosanti , il faut commencer par comprendre Paolo Soleriarchitecte idéaliste qui n'a d'autre  leitmotiv que de vivre en hormonie avec lui-même, ses voisins et la nature. Les idées de cet homme ,même si teintées d'ésotérisme, sont aujourd'hui plus que jamais d'actualité. 


L'hisoire de Soleri commence véritablement en Arizona où il atterrit  en vue d'intégrer fissa l'école de Frank Lloyd Wright dont il partage la même vision de l'architecture.
Seulement voilà, une fois sur place c'est n'est plus la même. L'entente entre les deux architectes n'est pas au rendez-vous et le torchon brûle rapidement. Wright et Soleri sont régulièrement en désaccord. Paolo Soleri décide donc de quitter l'école et embarque au passage un de ses petits camarades de classe: Mark Mills.


Nos jeunes architectes s'installent dans le désert où ils font la rencontre d'un industriel qui leur confie la construction de sa maison. Ils y développent le projet de la Dome House. Une maison entièrement enterrée et couverte d'un dôme d'aluminium et de verre. Si l'on se figure mal l'association du désert, de l'aluminium et du verre, une fois les photos sous les yeux ça va tout de suite mieux.

Une dame et un dôme.

Dome House de loin.

Dome House ouverte.

Dome House dedans.

Le dôme achevé, Soleri retourne en Italie et se voit confié la construction de l'usine de céramique Solimene. Il emporte dans ses bagages une certaine Caroline Woods (la fille des propriétaires de la susnommée Dome House) et nous ôte ainsi tout espoir d'une romance sous le soleil avec son copain Mark.

Usine de céramique Solimene en Italie.

Bâtiment sinueux et ondulant comme s’il était creusé dans le rocher,  cet ouvrage est habillé d’une membrane isolante constituée par les bases des chutes de vases et d’amphores en terre cuite ou émaillées dans une couleur vert-de-gris. C'est là que Soleri se familiarise avec la céramique et y apprend les techniques de fabrication. 

Détail de la façade parées de bases d'amphores.

10 années plus tard, devenu papa entre temps puisqu'à l'époque ça semblait encore être une bonne idée, il retourne aux États-Unis mais en famille cette fois ci. Il fait l'acquisition d'un terrain à proximité du désert de l’Arizona. C'est là qu'il construit une autre maison à demi enterrée, la bien nommée Earth House. De construction rapide et économique elle est adaptée au désert : fraîche dans la journée, elle conserve une partie de la chaleur quand les nuits sont froides.

La terrasse de l'Earth House.

Une chambre de l'Earth House.

La salle de bain de l'Earth House.

Bronzé en short et tongs, comme sur à peu près toutes les photos que l'on connait de lui, c’est là que Paolo Soleri passe ses journées entre son four à céramique et sa petite fonderie qu'il construit l’un à côté de l’autre et qui constituent ses principales sources de revenus. Fort de son apprentissage à Solimene, il réalise des cloches à vent en bronze et céramique ainsi que d’autres objets à partir de la terre limoneuse dont il dispose.

Paolo Soleri en plein moulage.

On ne se lasse pas de ces photos du LIFE magazine.

C'est dans ce petit paradis de que Paolo crée sa fondation en réaction au consumérisme ambiant. Pour lui "l'art de la survie coule dans le sang des hommes qui ont fait de l'essentiel leur existence. Très tôt je me suis aperçu qu'il était possible de vivre avec presque rien. J'ai toujours réprouvé le gaspillage".                            Soleri nomme sa fondation Cosanti, association des mots italiens Cosa+Anti , ce qui donne à peu près en français "contre les choses". La messe est dite. 

Soleri côté fonderie.

La Fondation Cosanti promeut un mode de vie spirituel plus riche et un mode de vie matériel ramené à son strict nécessaire histoire de ne pas trop impacter l'environnement. Il y est bien entendu également sujet de la vision architecturale de Soleri qui tente de répondre aux besoins biologiques et spirituels de l'homme, tout en freinant notre propension à nous répandre. 

Soleri particulièrement fit.

La fondation devient rapidement une véritable école-chantier où des élèves viennent travailler de leurs mains et apprendre auprès d’un architecte talentueux qu'ils considèrent soit comme un génie soit comme un fou excentrique.

Paolo Soleri entouré de ses élèves, site de Cosanti.

Site de Cosanti.

Assisté de ses étudiants et de passionnés qui partagent les mêmes convictions que lui, Paolo Soleri continue les auto constructions sur le site de Consanti, plusieurs habitations entourent désormais sa Earth House ainsi que des espaces de ventes dédiés à sa production.

Habitation sur le site de Cosanti.

Si vous voulez des cloches, c'est par ici.

Espace expo-vente. Site de Cosanti.

Paolo, court vêtu, et quelques apprentis, site de Cosanti.

Toujours entouré, toujours court vêtu et toujours au boulot.

L’incroyable quantité de notes et de travaux sur ces villes est au cœur de l’exposition que lui consacre la Corcoran Gallery of Art de Washington et qui remporte un immense succès auprès du public. Invité à des expositions et à des conférences partout dans le monde, Soleri acquiert une grande notoriété, ses avis sont écoutés avec déférence dans le monde culturel et artistique et ses intuitions font l’objet de bourses de recherche.

Paolo Soleri, étude pour la Macro Cosanti Tower, 1964.

Paolo Soleri, Casabella, 1966.

Paolo Soleri, Space Habitat, 1969.

Pour Soleri la ville est un outil nécessaire à l'évolution de l'humanité. C'est le concept de base du projet qu'il souhaite réaliser et pour lequel il collecte des fonds, et ça marche. Au tout début des années 70, il parvient à acheter une plus grande parcelle dans le désert et concrétise ainsi le rêve de sa vie.

Le Sudoku c'est la vie.

Toujours aidé de fidèles bénévoles à tendance disciples, l'architecte édifie progressivement sa ville du futur qu'il nomme  Arcosanti (architettura+Cosa+Anti = architecture contre les choses).

Arcosanti est réalisée presque de manière contre-intuitive puisque construite du toit vers le bas et de l'intérieur vers l'extérieur. Les espaces sont crées en formant d'abord une coque en béton sur un monticule de terre. Le sol est ensuite excavé, généralement à la main, laissant apparaitre la structure de l'habitation.

On peut être doué et pas convaincu.

Ce laboratoire urbain prône non seulement l’interaction vertueuse entre la nature et les êtres humains et accessoirement entre les êtres humains eux-mêmes, mais également l’utilisation intelligente des ressources locales afin de ne pas altérer l’équilibre d’un écosystème capable de se régénérer. Ce concept est la pierre angulaire d’un mode de vie abolissant le gaspillage et ne profitant des ressources que si elles peuvent être réutilisées. Cette tentative de vie collective idéale est autofinancée par la production d’objets artisanaux et quelques mécènes fidèles admirateurs de Paolo.

Construction sur le site d'Arcosanti.

Contrairement aux autres architectes généralement connus pour ce qu'ils construisent, Paolo Soleri lui est reconnu pour sa contribution philosophique. Il parle d'arcologie (architettura+ecologia). Ce système cherche à atteindre une harmonie entre architecure et écologie dans des cités où l'utilisation de la dimension verticale atteint une efficacité maximale. En multipliant notamment la surface des terrasses et des jardins exposés au soleil via des toits végétalisés.

Aussi, Il considère que le développement d'une ville en hauteur réduirait sa surface à 2% de la surface d'une ville lambda actuelle.

Site d'Arconsanti.

Site d'Arcosanti.

Site d'Arcosanti.

Paolo Soleri décède en 2013 à 94 ans alors qu'Arcosanti est toujours en travaux. La mission de sa Fondation Cosanti toujours en activité devient de plus en plus pertinente dans le monde actuel. Si on prend en compte l'explosion démographique, l'épuisement des ressources naturelles, les propables futures pénuries alimentaires, le changement climatique, et notre société de consommation hors de contrôle, on se dit que notre pauvre Paolo n'avait pas vraiment tort. 


Pour l'heure au Strict Maximum, nous pensons qu'il serait tout de même intéressant d'avoir une ou deux cloches en céramique de Soleri. Pour le reste on fait comme tout le monde, on verra plus tard: précisément quand il sera trop tard.




lundi 4 mars 2024

Un artiste, une oeuvre.


Une nouvelle rubrique fait son entrée au Strict Maximum et souhaitons qu'elle nous permette de renouer un peu plus efficacement. Le principe de cette rubrique est simple et contrairement à nos habitudes, nous la voulons courte : à chaque publication un artiste différent qui pose aux côtés d'une de ses œuvres.

C'est en fait surtout une occasion de plus pour partager en deux trois clics quelques clichés qui claquent.

Pour cette première édition c'est Guido Gambone qui prend la pose en 1960 aux côtés de son Totem pas encore tout à fait terminé mais quand même déjà bien chouette.



On dit merci à Guido.


dimanche 8 janvier 2023

Zimba quoi?


Une nouvelle année commence et le Strict Maximum profite de ce billet pour  vous la souhaiter pleine de surprises. Pour aborder en douceur cette nouvelle période de 365 déceptions nous avons planché sur le dossier Zimbacca. Car Zimbacca par-ci, Zimbacca par-là, mais au fond...

Zimbacca c'est qui? C'est quoi?

Derrière ce patronyme aux airs de formule magique se cache un inventif créateur de mobilier & un architecte de talent. C'est en 2015 lors des ses investigations sur un mystérieux Pierre Chapo que la folle équipe du Strict Maximum repère pour la première fois le tout aussi mystérieux  Dominique Zimbacca. N'ayant pas pour habitude de courir deux lièvres à la fois, nous avons laissé de côté Zimbacca pour mieux le retrouver aujourd'hui. 

Clope au bec et Zimbacca.

Né à Paris de parents syriens, Jean-Pierre Zimbacca dit Dominique (ça on ne se l'explique pas) intègre les ateliers libres d'architecture de l'Ecole des beaux-arts où il suit les cours de Chappey puis ceux de Faugeron. Il y fait une rencontre  décisive en la personne d'Hervé Baley, étudiant lui aussi.

En profond désaccord avec l'institution des beaux-arts et l'enseignement qu'ils considèrent en total décalage avec la réalité contemporaine,  Zimbacca & Baley s'entendent à merveille sur leur rejet commun de l'architecture moderne et radicale.

A la mort de Le Corbusier en 1965, les deux amis cosignent une tribune  dans le numéro spécial sur Le Corbu de la revue Aujourd'hui, art et architecture. Dans cet article  à charge, les deux amis démontrent à quel point ils tiennent pour responsable Le Corbu de cette production de masse utilisée non pas pour répandre des chefs d'oeuvres mais pour produire des maison vulgaires et laides, un monde fermé, abstrait, centré sur un vide que l'habitant déraciné cherche à combler.

Hervé Baley, tout aussi étonné que vous.

Si l'école des beaux-arts ne leur sied pas, c'est tout de même là qu'a lieu la révélation avec l'exposition "l'oeuvre de Franck Lloyd Wright" qui s'y tient en 1952. Elle présente son travail alors relativement méconnu en France. Zimbacca & Baley y découvrent une architecture exempte de toute tradition académique et l'incarnation même d'une architecture de la liberté.
L'architecture organique de Frank Llyod Wright est une philosophie architecturale basée sur l'harmonie entre l'habitat humain et son monde naturel, recherchant l'intégration au site et faisant du bâtiment et de son mobilier une composition unifiée et intriquée à son environnement. 

A partir de cet instant les deux amis vont étudier avec passion, chacun à leur manière, le travail et les dogmes de  l'architecture organique de Wright. 

Resiley house, Frank Lloyd Wright.  

Sans obtenir un quelconque diplôme nos jeunes frondeurs profitent que le secteur de l'architecture privée ne soit plus réservé aux agences dirigées par de vieux coucous détendeurs du prix de Rome et créent l'Atelier de l'Art et d'AménagementIls y engagent tout de même un collaborateur architecte diplômé, donc officiellement reconnu, ce qui peut toujours s'avérer utile en cas de besoin. 

Après deux trois chantiers et aménagements intérieurs, la collaboration entre Zimbacca et Baley prend fin sans pour autant obérer leur amitié. Les raisons de cette séparation ne sont pas clairement connues, on sait seulement que  Baley est le seul architecte dont Zimbacca se sent proche mais l'estime trop dogmatique et autoritaire pour continuer de  travailler avec. Baley conserve l'agence et Zimbacca prend le large. 

Sans commandes architecturales Zimbacca se concentre sur l'aménagement et le mobilier. Créer du mobilier lui permet d'affiner ses théories, il en confie d'abord l'édition à Françoise Sée et Pierre Chapo. 

Ensemble édité par Pierre Chapo.

Détail de la table éditée par Chapo.

Zimbacca souhaite réapprendre le langage de l'artisan. Il se tourne vers des essences locales et le bois de récupération, magnifiant ses défauts pour en affirmer la valeur esthétique. Le mobilier de Zimbacca incarne sa démarche organique qui gouverne l'ensemble de sa création, préférant l'individualité à la standardisation.

Zimbacca assemblant la table 09 pavés vers 1975.

On retrouve dès les premières pièces les poncifs qui constituent l'essence de sa production: l'usage du motif de la pointe de diamant permettant d'encastrer des poutres de section triangulaire pour composer le meuble comme une charpente.

Table basse, Magen H Gallery.
Chaise, Magen H Gallery.

Fauteuil "Râ", photographié dans le jardin de Zimbacca.

Il utilise également le principe de la stéréotomie afin de composer des meubles faits d'empilements de bois dont résulte une impression de robustesse et d'équilibre. Il s'entoure de nombreux artisans qu'il veut actifs dans la création dont l'artisan-menuisier Jacques Mauraisin qui l'accompagne sur de nombreux chantiers et réalise la majeure partie de son mobilier.

Réclame avec la table neufs pavés, vers 1980.

Zimbacca se montre également particulièrement astucieux dans l'agencement intérieur de logement dont il doit optimiser l'espace. Tout d'abord il rejette la ligne droite, crée des lignes de fuites qui dynamisent l'espace et accentuent l'impression de profondeur. Ainsi l'œil ne s'arrête jamais sur une surface plane ou un angle droit mais glisse au fil des diagonales. Zimbacca soigne les détails et s'attache à créer des ambiances chaleureuses et conviviale jusqu'au dispositif d'éclairage en laiton réfléchissant une lumière indirecte et diffuse. 

Une des plus étonnantes réalisations est une structure de tasseaux reprenant le motif du mobilier Triton qui équipe un petit logement d'une HLM à Clichy.

Agencement d'un appartement à Clichy, chaise Triton édition Chapo.

Portique Triton à Clichy.

Deux expositions lui apportent "un peu" de reconnaissance. D'abord en 1963 à la Galerie M.A.I puis en 1965 à la Galerie Jeanne Ostier où André bloc, décidément partout, le remarque et lui consacre un article dans sa revue L'Architecture d'Aujourd'hui lui offrant ainsi une visibilité nouvelle.

Exposition à la galerie M.A.I avec Françoise Sée.

En 1979, grâce à cette parution dans la revue d'André Bloc il rencontre Edmond Lay, admirateur lui aussi de Frank Lloyd Wright, qui lui demande de réaliser le mobilier de la maison Auriol à Gabaston. Tous deux tiennent compte du travail de l'autre dans la réalisation de ce projet. Zimbacca y emploie de vieilles poutres récupérées lors de la destruction d'une partie de l'hôpital de la Pitié-Saplêtrière. Leur lourdeur, leurs lignes simples en font le prolongement de la maison et définissent  les différentes aires de l'habitation et leurs usages. 

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Vue intérieure de la maison Auriol et du mobilier Zimbacca.

Zimbacca, mobilier & luminaire pour la maison Auriol.

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Zimbacca, actuellement chez lui.

A la fin des années 60, Dominique Zimbacca met en pratique ses théories architecturales. On lui confie la construction du centre paroissial Jean-XXIII à Saint-Quentin dans l'Aisne dont il ne pourra s'empêcher d'en construire également le mobilier liturgique ainsi que deux trois bricoles. 

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Centre paroissial Jean-XXIII.

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Autel liturgique, centre Jean-XXIII.

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Siège de célébrant, centre Jean-XXIII.

Si le centre paroissial est son unique bâtiment public, côté privé, il réalise une quinzaine de maisons, principalement situées en Île de France. 
Réalisées à partir d'une trame hexagonale, elles reprennent la même organisation articulée autour d'un espace central, carré ou rectangulaire, auquel il adjoint des développements se terminant par des angles à 60 degrés. Le développement de ses plans est à priori infini, à l'image de celui du développement des formes de la nature.
Elles répondent toutes  à la volonté de Zimbacca d'échapper à l'uniformité et de répondre aux besoins des habitants, sachant que Madame Dupont n'a pas les mêmes que Monsieur Durand.


"Je veux une maison qui a son opinion et ses petites manies. Une maison qui a son caractère et sa personnalité et qui dise à chacun sa façon de penser"

Plan d'organisation d'une habitation.

Sa première commande privée arrive au début des années 70 avec la maison Michard. Il vous faut savoir qu'à cette époque notre Zimbacca vient de fonder un groupe communautaire répondant au doux nom d' Art & Habitation.
Il considère alors son initiative comme l'aboutissement de sa philosophie organique de l'architecture et du travail. 
Dans un grand isolement et des conditions matérielles rudes, le groupe est organisé autour de Dominique qui initie les étudiants à l'oeuvre de Wright. Il partage avec eux sa connaissance du travail du bois. Certains de ces élèves participent au projet de cette maison Michard mais Zimbacca la termine finalement seul suite à la dissolution brutale du groupe. 

Maison Michard.

Vue intérieure de la maison Michard.

Vue intérieure de la maison Michard.

Le tour de passe-passe de notre magicien Zimbacca est de réaliser des habitations qui ont tout d'une grande sans forcément en avoir le prix.
En effet la clientèle de l'architecte est loin d'être des plus fortunées et il doit donc composer avec des budgets limités. Zimbacca cherche donc l'économie dans les matériaux mis en œuvre et non dans la réduction des espaces. Il utilise volontiers le Siporex, béton cellulaire doté de bonnes qualités physiques et thermiques et dont il à une parfaite maitrise. Puisqu'à budgets limités mètres carrés limités, Zimbacca joue également sur les dimensions psychologiques grâce à une ouverture presque totale du volumes de ses habitations ce qui augmente considérablement le sentiment d'espace et les possibilités d'agencement. Dans son livre Nouvelles architectures de maisons en France aux Editions Du Moniteur paru en 1979,  Dominique Amouroux nous fait remarquer que parmi tous les programmes qui y sont présentés c'est bien celui de Dominique Zimbacca, pourtant fort original et abouti,  qui vous coutera le moins cher.

Maison Zimbacca 1.

Quitte à être doué et à savoir faire bien avec peu, Dominique Zimbacca réalise pour son usage personnel deux maisons. La première en 1986 à Varenne-Jarcy dans l'Essonne puis une seconde à Tourouvre dans l'Orne en 1997. Pris d'une furieuse envie de se mettre au vert, il quitte sa maison dans l'Essonne pour l'Orne, emportant tout de même avec lui tout le mobilier sans oublier son épouse Geneviève.

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Maison Zimbacca 2.

Autre construction remarquable, la maison Etienne en Savoie. Notons que c'est la maison présentée dans le bouquin de Dominique Amouroux, cité plus haut, qui motive Monsieur Etienne à passer commande chez Zimbacca.
Edifiée entre 1990 et 1993, ce après bien des péripéties, la maison Etienne domine le lac du Bourget. Invisible depuis la route, elle se dévoile au dessus de la frondaison des arbres. Elle dispose de deux nacelles de bois qui surplombent le lac, suspendues à la façade par d'importantes poutres, accentuant encore un peu plus l'aspect fantastique de la construction. 

dominique zimbacca
Maison Etienne.

dominique zimbacca
Maison Etienne.

Avec tout ça Dominique Zimbacca ne demandera son inscription au tableau de l'ordre des architectes qu'en 1982 chose sans doute liée à sa collaboration fructueuse avec Edmond Lay qui lui donne l'envie de sortir de sa marginalité jusqu'ici assumée.
En bon Zimbacca il finit par en démissionner en 2002. 20 ans c'est déjà bien. 

Si une seule chose était à retenir, ce ne serait ni ses meubles, ni ses habitations mais plutôt l'engagement total de Zimbacca envers ses propres préceptes architecturaux. Pas du genre à faire des concessions, Dominique Zimbacca s'est toujours autorisé la plus grande liberté de ton, restant en dehors de toute mode, toute tendance, loin de la pensée dominante et pour une grande partie de sa vie, dans une relative pauvreté matérielle. 

Sépulture de Dominique Zimbacca, Tourouvre.

Dominique Zimbacca s'éclipse sur la pointe des pieds en 2011. Nous terminerons ce billet sur la pensée éclairée de notre homme du jour, publiée en 1980 dans la revue L'Architecture d'Aujourd'hui

"Malgré les progrès foudroyants de la production de masse, malgré les destructions des villes et des paysages, malgré la menace de la modernité, voici aussi, peut-être, un nouvel art pour laisser espérer que le pire n'est pas toujours sûr, parce qu'il est bien rare que les choses arrivent telles qu'on les attendait"